Personnalité thermale du mois : Pr Jean-Arthur Micoulaud-Franchi, spécialiste du sommeil et chercheur en médecine thermale

Par Julie Paysant
Publié le 1 juillet 2024 à 14h18 dans

Pr Jean-Arthur Micoulaud-Franchi

Chaque mois, une personnalité du monde médical, politique, sportif ou culturel, nous raconte son lien avec le thermalisme. En juillet, c’est Jean-Arthur Micoulaud-Franchi, psychiatre, neurophysiologiste et médecin du sommeil, qui répond à nos questions.

Basé au CHU et au Neurocampus de Bordeaux, Jean-Arthur Micoulaud-Franchi conjugue au quotidien pratique hospitalière, enseignement et encadrement de travaux de recherche. Depuis 2018, il travaille ponctuellement, en collaboration avec l’Association française pour la Recherche thermale (AFRETh), sur des sujets reliant thermalisme et sommeil. Rencontre.

C’est quoi pour vous le thermalisme ?

 J’ai un regard sur le thermalisme à travers l’enjeu de la médecine thermale, en lien avec mon point de vue de médecin. La médecine thermale est un champ de la médecine structuré dont l’objectif est d’améliorer les cours évolutifs des maladies à travers l’usage de techniques issues du thermalisme (bains thermaux, etc…), mais également issues d’autres disciplines de santé (kinésithérapie, nutrition, gestion du stress, stratégies centrées sur le sommeil).

L’usage de l’eau n’est pas séparé du soin depuis la période romaine. Et par ce biais, la médecine thermale questionne le fait d’améliorer les maladies mais également le fait de prendre soin de soi dans un espace-temps donné avec des pratiques de soins corporels spécifiques. Nous avons trop souvent tendance à oublier que soigner c’est aussi prendre soin de soi et pas uniquement soigner la maladie.

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Comment le thermalisme est-il entré dans votre vie ?

 J’ai découvert le thermalisme en échangeant avec des médecins thermaux et notamment Olivier Dubois qui travaille aux thermes de Saujon. Il collaborait avec les psychiatres de Bordeaux et il souhaitait faire une étude sur l’impact du thermalisme sur les troubles du sommeil et en particulier l’insomnie. Nous avons été mis en contact, car je travaille dans une unité de recherche du CNRS qui étudie le sommeil et les troubles du sommeil. Ensemble, nous avons développé un programme de recherche (SOMNOTHERM) financé par l’AFRETh et dont les résultats finaux sont attendus prochainement.

Il est fondamental de souligner qu’aujourd’hui, à l’heure des fakenews médicales (FakeMed), il y a un enjeu de questionnements sur les preuves d’efficacité des thérapeutiques et que le thermalisme est engagé dans la recherche, notamment à travers l’AFRETh. C’est une communauté qui se structure pour évaluer ses pratiques rigoureusement. Ce qui est important en médecine, au-delà de la preuve scientifique actuelle, c’est surtout la dynamique et la visée de la preuve à venir au regard d’une pratique clinique actuelle. Ce qui m’a le plus surpris c’est que c’est une communauté vivante qui est engagée dans la recherche clinique et ceci ne peut être que bénéfique pour la poursuite du thermalisme dans le futur.

Quels sont selon vous les plus grands bienfaits d’une cure thermale ?

 Les bienfaits du thermalisme, du point de vue d’un médecin universitaire, soulèvent l’enjeu du niveau de preuve. Pour qu’un soin soit efficace, il est traditionnel de considérer que son niveau de preuve doit être basé sur l’identification d’un « principe actif » spécifique. Le thermalisme est un dispositif thérapeutique structuré, règlementé et raisonné, ayant un impact sur les gens. Ce qui pose question, c’est donc d’identifier dans tout ce dispositif, le ou les facteur(s) qui apporte(nt) le bénéfice. Est-ce l’environnement ? Est-ce le soin thermal en lui-même ? Est-ce la diminution du stress ?

Cela dit, les études de suivi et les études médico-économiques montrent dans leur ensemble que le thermalisme, comme dispositif de soins, a un impact positif sur la santé des gens comparativement aux prises en charge classiques. Je pense notamment à l’étude STOP-TAG dirigée par Olivier Dubois qui a mis en évidence que le thermalisme est plus efficace sur le long terme qu’un antidépresseur prescrit en conditions de soins habituels.

Je pense que globalement, le thermalisme a un impact sur la diminution du niveau de stress. Cela va permettre d’améliorer les capacités d’adaptation de l’organisme et rétablir ainsi les ressources physiques et psychiques essentielles à la santé. En agissant sur l’axe du stress, le cours évolutif des maladies chroniques peut véritablement être amélioré.

Que répondriez-vous à quelqu’un qui ignore ce que sont les troubles du sommeil et qui vous demande de lui expliquer ?

Le sommeil est une fonction physiologique de l’organisme fondamentale pour être en bonne santé. Il faut prendre soin de son sommeil ! Aussi, retenons que ce n’est pas une fonction accessoire et qui ne se passe pas rien dans la nuit lorsque l’on dort. Au contraire, il se passe plein de processus physiologiques fondamentaux pour être en bonne santé. Traiter les maladies du sommeil et avoir une bonne hygiène de sommeil sont des éléments fondamentaux pour être en bonne santé la journée.

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 Que diriez-vous à un patient qui souffre de troubles du sommeil et qui hésite à faire une cure thermale ?

 La première chose est de savoir d’où vient cette hésitation ! En tous les cas, je lui dirai que ce temps que l’on peut prendre pour soi pendant trois semaines est un élément fondamental pour la santé. La cure thermale offre un environnement serein dans lequel la régularité des rythmes du jour et de la nuit a un effet bénéfique pour le sommeil.


 Sources :

 Entretien exclusif avec Jean-Arthur Micoulaud-Franchi, le 29 mai 2024

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